Un chercheur canadien à DYNECO pour une nouvelle approche de modélisation

Cousin scientifique de l’Ifremer, le Ministère Pêches et Océans à Moncton dans la région du Nouveau-Brunswick au Canada est doté d’une section aquaculture et écosystème côtier dans laquelle travaille le chercheur Thomas Guyondet. Spécialiste en modélisation et analyse spatiale, il est venu partager son expertise durant 15 jours grâce au Collaborative Hub for the Extension of Coastal Knowledge (CHECK). L’objectif du CHECK est notamment de faire émerger des idées nouvelles. L’exploitation d’un modèle DEB (Dynamic Energy Budget) du pétoncle noir dans le cadre du projet MaSCoet en est une.

Thomas Guyondet est venu pour mettre en place avec les chercheurs de l’Ifremer une application inédite de ce modèle physiologique sur le petit bivalve de la rade de Brest. L’application classique du modèle est de donner des informations quant à la température de l’eau ou encore la nourriture afin que le modèle reproduise le métabolisme.

« Dans notre étude, le mécanisme est inversé. Nous avons des mesures de croissance du pétoncle à partir desquelles nous cherchons à comprendre quelles doivent être les conditions environnementales pour que cette croissance soit favorable », explique le chercheur.

Pour l’heure, les scientifiques ne savent pas ce que le pétoncle noir ingère. Mais grâce à ce modèle, les conditions d’alimentation vont être recréées et comparées aux sources de nourriture disponibles dans le milieu.

L’objectif est d’identifier quel est l’environnement propice à la bonne croissance des pétoncles noirs afin d’identifier des zones pour redynamiser les ressources. Ce qui permettrait de proposer une alternative aux pêcheurs en cas de fermeture des zones de pêche dues aux algues toxiques.     

Outre-atlantique, l’intérêt de ces recherches est de calquer ce modèle sur le pétoncle géant du Canada : « ce modèle est générique, il peut donc être appliqué à n’importe quel être vivant », précise Thomas Guyondet. Cette approche pourra ainsi être transposée à 4 437 km de Brest, à Moncton où se situe le bureau du Ministère Pêches et Océans, responsable de la protection des eaux et de la gestion des ressources halieutiques et océaniques du sud du Golfe du Saint-Laurent.

« Nous avons des échantillons du pétoncle géant à partir desquelles nous devrions pouvoir reconstruire des courbes de croissance. » Pour quelle utilité publique ? Les pêcheurs se plaignent que le contenu en chair de cette espèce ait diminué. Une des pistes à explorer est d’analyser ce qui a changé en termes de nourriture dans cette région pourtant favorable à la croissance des bivalves, en lien sans doute avec le changement climatique.    

Le Sud du golfe de Saint-Laurent, qui regroupe 3 provinces (le New Brunswick, l’île du prince-Edouard et la Nouvelle-Ecosse), c’est 7 000 km de littoral ! Une côte finement découpée par des baies et des estuaires : idéale pour la conchyliculture. Ces bonnes conditions géographiques favorisent la croissance des animaux grâce notamment à l’apport de nutriments par les bassins versants. Si bien que l’île du prince-Edouard produit 80 % des moules du Canada. Mais comme tous les écosystèmes côtiers, le Sud du golfe de Saint-Laurent est menacé par le réchauffement climatique dont certaines manifestations sont déjà visibles. Les eaux de plus en plus chaudes qui entourent l’île du prince-Edouard ne plaisent pas aux moules. Même s’il n’existe pas de solutions magiques pour contrer le réchauffement climatique, les outils numériques développés pour cette étude pourront donner quelques réponses à des questions d’intérêt pour les écosystèmes côtiers. C’est la finalité de CHECK. 

Rédactrice : Gabrielle Querry