La recherche au service de la transition pour le climat

 

Florence Cayocca est la nouvelle directrice de l’unité Dynamiques des Ecosystèmes Côtiers depuis avril dernier. De retour à l’Ifremer après un passage de 8 ans à l’Office Français pour la Biodiversité, qui l’a éveillée sur la place de l’humain dans l’environnement, la chercheuse souhaite transmettre son expérience pour s’atteler aux enjeux de transition. 

 

 

Comment est née votre vocation de chercheuse en milieu marin ?

Enfant et adolescente, je faisais de la voile avec mes parents, c’est ce qui m’a donné envie d’explorer le milieu marin. Après une prépa au lycée parisien Louis-le-Grand, j’ai intégré les Ponts et Chaussée que j’ai choisis pour la spécialisation de 3e année en génie océanique. Durant ces études, j’ai fait un stage d’un an à l’Ifremer dans un laboratoire de géophysique marine. Je suis ensuite partie aux USA pour faire un Master en Génie océanique à l’Université de Californie à Santa Barbara. S’en est suivie une thèse pour comprendre et modéliser l’évolution morphologique des passes d’entrée du bassin d’Archachon, dans un laboratoire qui aujourd’hui est devenu Dhysed.

 

Et après ?   

J’ai été recrutée en géologie marine à Geo-Ocean pour travailler sur la modélisation numérique des courants de turbidité. J’ai ensuite voulu me rapprocher de thématiques environnementales, et j’ai alors rejoint le Dyneco de l’époque. Je suis devenue responsable du laboratoire Dhysed où j’ai travaillé sur l’impact des différentes activités anthropiques sur les flux de sédiments. Parce que je voulais aller au-delà de la seule approche de « connaissance » de l’environnement,  j’ai rejoint l’Agence des aires marines protégées (devenue OFB) pour voir ce qui se passait du côté de la gestion et de la protection du milieu marin.

 

Après presque 20 ans de carrière à l’Ifremer, vous êtes parties à l’OFB pour revenir 7 ans plus tard, qu’est-ce qui a motivé ce retour ?   

Je suis chercheuse dans l’âme et j’ai une insatiable curiosité pour « la chose scientifique ». Mon retour au milieu de la recherche répond à ce besoin de compréhension, en particulier pour les thématiques portées par DYNECO. Mais je souhaite aussi mettre à profit mon expérience à l’OFB pour contribuer à ce que les connaissances que nous produisons soient effectivement utiles à la société : cela me permet de satisfaire ma fibre d’écologiste engagée.

Qui dit chercheur dit sachant. Nous sommes convaincus que notre vision scientifique du monde est la plus pertinente. Pour savoir comment protéger le milieu marin – ce qui est l’une des ambitions de l’Ifremer ! -  on a besoin de connaissances, mais on a besoin que ces connaissances soient transmises aux gestionnaires de sorte qu’ils puissent les mettre au service de leurs prises de décision. Les chercheurs ne comprennent pas bien ce qu’attendent d’eux les gestionnaires – qui ne savent pas eux-mêmes exprimer leurs besoins. Mon expérience à l’OFB m’a permis cette prise de conscience – et les appels à projets de recherche prennent aujourd’hui conscience du nécessaire rapprochement entre les communautés.

  

Qu’est-ce qui vous anime ?

La curiosité et l’envie de comprendre. A l’OFB, j’ai compris l’intérêt des sciences sociales. Ce lien entre l’environnement et l’humain est primordial à prendre en compte surtout dans ce contexte global où les enjeux pour sauver notre planète sont immenses. J’aimerais qu’on fasse mieux le lien entre le monde des chercheurs et la mise en application de leurs approches pour s’atteler aux enjeux de transition. C’est urgent. 

  

Quel est votre rôle et vos missions à Dyneco ? 

En tant que responsable de l’Unité, je veille au bon déroulement de la vie de l’unité : suivi des budgets, des emplois et carrières, animation scientifique, structuration des relations avec les autres unités et la direction de l’Ifremer, mais aussi avec l’extérieur. C’est un rôle de facilitateur pour l’émergence et la réalisation des projets. Mais aussi un rôle d’interface avec les différentes directions de l’établissement.

Depuis ma prise de poste, je travaille à connaître les projets et les membres de l’Unité, individuellement. Ma mission est aussi d’assurer le bien-être de l’équipe. Mon objectif est que chacun ait un sentiment d’appartenance à l’Unité. 

 

Quels sont les objectifs et les défis de lunité ?  

J’aimerais poursuivre le travail de l’ancien directeur de l’unité, Cédric Bacher, pour que les orientations et les trajectoires de l’évolution de l’unité soient le résultat de l’intelligence collective de chacun de ses membres. Que des propositions émergent spontanément pour faire grandir l’unité. L’un de mes objectifs est aussi que les travaux de l’unité soient connus et reconnus en interne et en externe. J’aimerais qu’on insiste sur la valorisation de nos travaux non seulement auprès de nos pairs, mais aussi auprès des autres unités de l’Ifremer, et auprès de diverses parties prenantes et du grand public.  

  

Quels sont projets marquants en cours ou à venir de l’Unité ?    

L’unité coordonne une soixantaine de projets qui ont pour objectif d’étudier la réponse et de prédire l’évolution des écosystèmes côtiers ou estuariens soumis à des perturbations d’origine naturelle ou anthropique.

 

Vous disiez revenir à la recherche, avez-vous un projet en cours ?

Je suis impliquée dans le projet de recherche RIOMar (River-dominated Ocean Margins) qui vise comprendre et prédire l’évolution des zones côtières françaises sous influence des fleuves au XXIème siècle.  Sans surprise, j’y coordonne les actions de mise en relation entre chercheurs et gestionnaires ! Au niveau de l’institut, je souhaite également m’investir auprès des équipes impliquées dans la structuration de l’observation et de la modélisation des milieux côtiers. 

 

Quel est votre plus bel accomplissement professionnel ?   

A l’occasion de mon départ de l’OFB, de nombreuses personnes que j’avais encadrées m’ont très chaleureusement remerciée. Elles m’ont dit combien j’avais réussi à les faire évoluer dans leurs métiers, à les encourager et à les motiver. Je me suis dit que j’avais servi à quelque chose (rire). J’ai insisté pour qu’ils se forment et deviennent des spécialistes dans leur domaine, pour qu’ils aient confiance dans leur mission et leur capacité à interagir avec les chercheurs. Ils y sont parvenus. La configuration est bien sûr très différente lorsqu’on dirige une unité, mais j’espère que je pourrai aussi insuffler une dynamique positive et nous faire collectivement évoluer dans le bon sens.  

 

 

Biographie

 

1986-1989 Lycée Louis-le-Grand 

1989-1993 Ecole Nationale des Ponts et Chaussées

1992-1993 Master degree in ocean engineering

1993-1996 Thèse de doctorat (Université de Bordeaux) en océanographie physique.

1996-2003 Chercheure au département Biologie Marine à l’Ifremer

2003-2015 Chercheure en modélisation numérique et data acquisition au département environnement côtier à l’Ifremer

2015-2019 Cheffe du service Connaissance et information scientifique puis cheffe du département des Milieux Marins à l’Agence française de la biodiversité

2020-2023 Cheffe du service Ecosystèmes et Usages du Milieu Marin puis cheffe de projet Observatoire National de l’Eolien en Mer à l’Office français de la biodiversité.

Depuis avril 2023 Directrice de l’Unité de recherche Dynamiques des Ecosytèmes Côtiers (DYNECO)